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Vous pensiez que toutes les Miss France se contentaient de défilés et de galas ? Détrompez-vous. Certaines ont troqué leur couronne contre un uniforme d’hôtesse de l’air, et pas qu’un peu. Sur les 95 reines de beauté couronnées depuis 1920, seulement deux ont officié comme personnel navigant commercial. Un chiffre qui peut surprendre quand on y réfléchit.
Angélique Angarni-Filopon, notre nouvelle Miss France 2025, remet cette liaison inattendue sous les projecteurs. À 34 ans, cette hôtesse de l’air chez Corsair a brisé plusieurs codes en devenant la première Miss Martinique couronnée et la première candidate de plus de 30 ans à décrocher le titre. Mais elle n’est pas la première à avoir porté l’uniforme avant la couronne.
Lætitia Bléger l’avait devancée en 2004, avec un parcours complètement différent. Entre ces deux femmes, vingt ans d’écart et deux approches du métier qui racontent aussi l’évolution de l’aviation commerciale.
Alors, simple coïncidence ou véritable attirance entre le monde de la beauté et celui des compagnies aériennes ?
Les points clés à retenir
Voici ce qu’il faut retenir de cette histoire méconnue entre Miss France et l’aviation :
- Seulement 2 Miss France confirmées comme anciennes hôtesses de l’air sur 95 éditions
- Lætitia Bléger (2004) : reconversion forcée après la faillite de Crossair, retour au métier en 2015
- Angélique Angarni-Filopon (2025) : parcours moderne avec formation spécialisée et multi-compagnies
- Évolution du secteur : professionnalisation du métier PNC et démocratisation de l’accès
- Points communs : présentation, multilinguisme, gestion du stress et service client d’excellence
Les deux pionnières de cette liaison inattendue
Lætitia Bléger : quand la faillite mène à la couronne
L’histoire de Lætitia Bléger ressemble à un scénario qu’Hollywood n’aurait pas osé inventer. En 2002, cette jeune Alsacienne travaille comme hôtesse de l’air chez Crossair, la compagnie aérienne suisse. Un métier qu’elle exerce avec passion jusqu’au jour où tout bascule. Crossair fait faillite et Lætitia se retrouve sur licenciée, comme des centaines de ses collègues.
À l’époque, devenir personnel navigant commercial suivait un parcours très différent d’aujourd’hui. Les compagnies aériennes formaient leurs équipes en interne, sans passer par des organismes externes. Une fois chez Crossair, Lætitia avait appris le métier selon les standards suisses, réputés pour leur rigueur. Mais cette formation, aussi solide soit-elle, ne l’a pas protégée de la débâcle financière.
Que faire quand votre rêve professionnel s’effondre du jour au lendemain ? Lætitia choisit une reconversion audacieuse. Elle se présente d’abord à des concours de mannequin, puis tente sa chance pour Miss Alsace. En 2003, elle décroche le titre régional qui lui ouvre les portes de l’élection nationale.
Le 13 décembre 2003, à Deauville, elle devient Miss France 2004 à 22 ans. Une victoire qui transforme complètement sa trajectoire. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 2015, soit onze ans après son règne, Lætitia fait quelque chose d’unique dans l’histoire des Miss France : elle retourne dans l’aviation. Cette fois, elle ne traverse plus les turbulences de Crossair mais reprend son métier d’origine, preuve que cette passion ne l’avait jamais vraiment quittée.
Angélique Angarni-Filopon : la professionnelle qui continue de voler
Changement d’époque avec Angélique Angarni-Filopon. Contrairement à Lætitia, cette Martiniquaise de 34 ans n’est pas arrivée dans l’aviation par hasard. Son parcours illustre parfaitement comment le métier de PNC s’est professionnalisé en vingt ans.
Angélique commence sa carrière aéronautique comme conseillère commerciale chez Air France. Mais l’appel des cabines se fait sentir et elle décide de franchir le pas en 2017. Fini les formations internes d’antan, place à la certification CCA moderne dispensée par des organismes spécialisés. Cette évolution marque une rupture importante : désormais, les futurs PNC peuvent se former indépendamment des compagnies aériennes.
Sa formation terminée, Angélique enchaîne les expériences. D’abord Air Caraïbes, puis Corsair où elle officie encore aujourd’hui. Cette mobilité inter-compagnies était impensable à l’époque de Lætitia. Les qualités d’une hôtesse de l’air moderne incluent cette capacité d’adaptation à différents environnements professionnels.
Quand elle se présente à Miss Martinique 2024, Angélique n’abandonne pas son métier. Au contraire, elle assume pleinement cette double identité. « Ce n’est pas un métier facile. Nous ne sommes pas que des serveuses dans les airs, c’est bien plus que ça », explique-t-elle lors d’une conférence de presse. Une déclaration qui souligne combien le métier a gagné en reconnaissance.
Son élection comme Miss France 2025 crée d’ailleurs une situation inédite. Corsair doit temporairement remplacer l’une de ses hôtesses les plus médiatiques, tandis qu’Angélique jongle entre ses obligations de reine de beauté et sa passion pour l’aviation. Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair, ne cache pas sa fierté sur LinkedIn : elle « incarnera les valeurs de Miss France avec tout autant de succès » qu’elle a incarné celles de sa compagnie.
Deux époques, deux approches du métier
Vingt ans séparent les parcours de Lætitia et d’Angélique, et cette différence temporelle raconte aussi l’évolution spectaculaire de l’aviation commerciale. Le tableau qui suit illustre ces changements majeurs :
Critère | Lætitia (2004) | Angélique (2025) |
Formation | Formation interne compagnie | CCA dans école spécialisée (même si le CCA n’est pas obligatoire pour postuler) |
Compagnie | Crossair (Suisse) | Corsair (France) |
Contexte | Faillite → Miss France | PNC → Miss France |
Certification | Qualification interne | Certification européenne CCA |
Mobilité | Limitée à une compagnie | Multi-compagnies possible |
Cette transformation du secteur aérien explique pourquoi nous pourrions voir davantage de Miss France hôtesses de l’air dans les années à venir. Avant 2010, devenir PNC relevait presque du parcours du combattant. Les compagnies recrutaient puis formaient leurs équipes selon leurs propres critères, souvent très restrictifs. Une fois embauché chez une compagnie, difficile de changer.
L’arrivée de la réglementation européenne a tout changé. Cette standardisation a démocratisé l’accès au métier tout en le professionnalisant. Les futurs PNC peuvent désormais choisir leur formation PNC avant même de postuler dans une compagnie.
Pourquoi ce lien entre Miss France et l’aviation ?
Hasard ou logique ? Plusieurs éléments expliquent cette attirance mutuelle entre le monde de la beauté et celui de l’aviation commerciale. D’abord, la présentation irréprochable constitue un critère commun essentiel. Les deux métiers exigent une image parfaite, que ce soit pour représenter la France ou une compagnie aérienne internationale.
Le multilinguisme offre un autre point de convergence. Une Miss France moderne maîtrise généralement plusieurs langues, atout majeur pour les critères d’une hôtesse de l’air. Angélique, par exemple, jongle entre le français, l’anglais et le créole, des compétences directement transférables dans les cabines internationales.
La gestion du stress rapproche également ces deux univers. Porter une couronne sous les projecteurs ou gérer une situation d’urgence à 10 000 mètres d’altitude demande le même sang-froid. Cette capacité à rester performante sous pression se développe et se révèle précieuse dans les deux cas.
Côté attractivité, le métier de PNC séduit par ses perspectives internationales. Quoi de mieux pour une ancienne Miss France que de découvrir le monde tout en exerçant une profession reconnue ? Cette dimension voyage, sans tomber dans les clichés romantiques, offre une réelle ouverture culturelle.
La professionnalisation croissante du secteur rend aussi le métier plus accessible. Les formations modernes, plus flexibles et mieux adaptées aux différents profils, permettent aux candidates venues d’horizons variés de réussir leur reconversion. Une évolution qui pourrait bien multiplier les cas similaires à celui d’Angélique
Pour conclure : ces parcours qui ouvrent la voie
Cette double casquette Miss France et hôtesse de l’air restera-t-elle anecdotique ? Probablement pas. L’évolution du concours Miss France vers plus de diversité, tant au niveau des âges que des profils, ouvre de nouvelles possibilités. Angélique l’a prouvé en devenant la première candidate trentenaire couronnée.
Cette évolution s’accompagne d’un accompagnement personnalisé pour chaque profil. Les organismes spécialisés comprennent désormais que chaque candidat arrive avec son propre bagage, qu’il vienne de la beauté, du commerce ou d’ailleurs. L’approche moderne de la formation steward et hôtesse de l’air s’adapte à ces parcours diversifiés, en valorisant les compétences transférables plutôt qu’en imposant un moule unique.
Résultat ? Des profils comme celui d’Angélique trouvent leur place naturellement dans les cabines.
Du côté de l’aviation, la démocratisation de l’accès au métier via les organismes de formation spécialisés facilite les reconversions. Les barrières d’entrée s’abaissent tandis que les opportunités se multiplient, notamment avec le développement du trafic aérien international.
Ces deux parcours exceptionnels, celui de Lætitia et d’Angélique, témoignent d’une époque où les frontières entre les métiers s’estompent. Ils prouvent aussi qu’une Miss France peut exceller dans des domaines exigeants, loin des strass et des paillettes. Qui sait ? Peut-être que la prochaine candidate aux qualités d’hôtesse de l’air porte déjà une écharpe régionale en rêvant d’horizons plus larges.